Attentats de Minsk : Loukachenko reprend la main
Lundi, à Minsk, capitale de Biélorussie, un attentat perpétré dans le métro faisait douze morts et une centaine de blessés. Vers 18h heure locale, l’engin explosif (évalué à environ six kilogrammes d’équivalent-TNT) a provoqué une déflagration sur le quai de la station Oktiabrskaia, à seulement une centaine de mètres du palais présidentiel, alors que plus de 300 personnes se trouvaient sur les lieux, très fréquentés à cette heure de pointe.
Rapidement, le président biélorusse Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, a convoqué le président de la police secrète du pays afin de retrouver les coupables, n’excluant cependant pas « que ce cadeau vienne de l’étranger ». Une nouvelle fois, une sorte de paranoïa étatique s’est fait entendre, et M. Loukachenko déclarait vouloir « nettoyer » le pays sans ménagement. Mais il faut dire que la situation politique est de plus en plus tendue en Biélorussie. En décembre dernier, plusieurs centaines de manifestants et d’opposants avaient été arrêtés par la police biélorusse suite aux contestations qui avaient émaillé la réélection de M. Loukachenko, le 19 décembre dernier. L’opposition avait alors dénoncé des fraudes électorales et organisé une manifestation dans les rues de Minsk, manifestation rapidement éparpillée par la police. Certains, parmi lesquels certains ex-candidats à la présidence, risquent jusqu’à 15 ans de prison pour « organisation de troubles massifs ». Cet attentat est par ailleurs une nouvelle occasion pour le pouvoir en place de renforcer ses contrôles sur la population et les opposants à l’autocratie en place.
La réponse du pouvoir n’a ainsi une nouvelle fois pas tardé face à cet événement dramatique, alors même que le pays n’est pas habitué à ce genre d’attentats : plusieurs arrestations ont eu lieu, et Alexandre Loukachenko a même annoncé que deux suspects auraient avoué leur implication dans les attentats. Le président a toutefois sous-entendu l’existence d’un complot occidental contre le régime, les Etats-Unis et l’Europe ayant multiplié leurs critiques à l’égard du pouvoir en place ces derniers mois. Mercredi, le Conseil de sécurité des Nations Unies a par ailleurs condamné « l’apparent attentat terroriste » de Minsk, laissant entendre plusieurs incertitudes quant aux circonstances de cet attentat.
Aujourd’hui, le président Loukachenko semble indéboulonnable. S’il est isolé sur la scène internationale, l’opposition démocratique et suffisamment bâillonnée pour qu’il maintienne son influence à l’intérieur des frontières biélorusses. Mais à l’avenir, un climat délétère pourrait s’instaurer, si la population n’est pas davantage écoutée et si le pouvoir en place conserve autant d’autorité.